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Эмиль Верхарн (Emile Verhaeren) (1855-1916) «La vache» Dès cinq heures, sitôt que l’aurore fit tache Sur l’enténèbrement nocturne, piqué d’or, Un gars traça des croix sur le front de la vache. Et, le licol tendu, la mena vers la mort. Partout dans les clochers sonnaient les réveillées ; Les champs riaient, malgré les brouillards étendus Sur la campagne, ainsi que des laines mouillées, Et les froids, qui la nuit étaient redescendus. Des ouvriers lourds et mous à leurs travaux revêches, Allaient, bâillant encor, muets, presque dolents, Sur leur énorme dos luisait l’acier des bêches, Plaquant le jour brumeux et gris de miroirs blancs. On entendait gronder des fracas de roulages Sur les pavés, des bruits de vieux chariots pleins ; Au loin se balançaient des charges de fourrages Entre les coins de blés et les recoins de lins. Les poternes s’ouvraient partout, au long des routes, Avec des grincements de clefs et de verroux. Et les bêtes de clos à clos s’appelaient toutes, Et la vache passait très lente et beuglait doux. À droite — on voit blondir l’immensité de plaines : Des carrés roux, faisant des angles dans les verts, Des villages par tas, des hameaux par vingtaines, Avec de grands zigzags de routes à travers. À gauche — les vergers rajeunis, qu’effiloque Le vent de Juin, soufflant sur les massifs fleuris, Toute l’explosion de l’estivale époque, Blanche sous un azur jeune, brouillé de gris. Enfin par un dernier détour de sente verte, On parvient au village assis sur un plateau : La boucherie est là, tout en haut, large ouverte, Dans un encadrement plaqué de champs et d’eau. La vache brusquement s’arrête au seuil du porche. Tout est rouge autour d’elle et fumant, sur le sol Un taureau tacheté de rousseurs, qu’on écorche Et dont coule le sang par un trou fait au col. Des moutons appendus au mur, têtes fendues, Des porcs, gisant sur la paille, moignons en l’air, Un veau noir sur un tas d’entrailles répandues Avec le coutelas profond fouillant la chair. Et plus loin, au-delà de ces visions rouges, Ce sont des coins verdis de blés qu’elle entrevoit, Où des bœufs laboureurs, que bâtonnent des gouges, Entaillent le terreau gluant d’un sillon droit. Et voici que se fait la lumière complète, Le creusement profond des lointains horizons, Le grand jour triomphal et doré, qui projette Ses flammes d’incendie au ras des floraisons, Qui baigne les champs gras d’une sueur fumante, Les pénètre, à plein feu, de ses rayons mordants, Les brûle de baisers d’amour, comme une amante, Et leur gonfle le sein de germes fécondants. La vache voit bleuir le grand ciel qui surplombe L’embrasement du sol où luit l’Escaut vermeil, Lorsqu’un coup de maillet l’étourdit ; — elle tombe, Mais son dernier regard s’est empli de soleil. Эмиль Верхарн (Emile Verhaeren) Другие стихотворения поэта: Переводы стихотворения на другие языки Количество обращений к стихотворению: 60 |
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Французская поэзия |