Французская поэзия


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Артюр Рембо (Arthur Rimbaud) (1854-1891)
французский поэт


«Ce qui retient Nina»


         LUI

Ta poitrine sur ma poitrine,
     Hein ? nous irions,
Ayant de l’air plein la narine,
     Aux frais rayons

Du bon matin bleu qui vous baigne
     Du vin de jour ?…
Quand tout le bois frissonnant saigne
     Muet d’amour

De chaque branche, gouttes vertes,
     Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
     Frémir des chairs ;

Tu plongerais dans la luzerne
     Ton long peignoir,
Divine avec ce bleu qui cerne
     Ton grand œil noir,

Amoureuse de la campagne,
     Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
     Ton rire fou !

Riant à moi, brutal d’ivresse,
     Qui te prendrais
Comme cela, − la belle tresse,
     Oh ! − qui boirais

Ton goût de framboise et de fraise,
     Ô chair de fleur !
Riant au vent vif qui te baise
     Comme un voleur !

Au rose églantier qui t’embête
     Aimablement…
Riant surtout, ô folle tête,
     À ton amant !…

Dix-sept ans ! Tu seras heureuse !
     Oh ! les grands prés,
La grande campagne amoureuse !
     — Dis, viens plus près !…

— Ta poitrine sur ma poitrine,
     Mêlant nos voix,
Lents, nous gagnerions la ravine,
     Puis les grands bois !…

Puis, comme une petite morte,
     Le cœur pâmé,
Tu me dirais que je te porte,
     L’œil mi-fermé…

Je te porterais, palpitante,
     Dans le sentier…
L’oiseau filerait son andante,
     Joli portier…

Je te parlerais dans ta bouche :
     J’irais, pressant
Ton corps, comme une enfant qu’on couche,
     Ivre du sang

Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
     Aux tons rosés,
Te parlant bas la langue franche…
     Tiens !… — que tu sais…

Nos grands bois sentiraient la sève,
     Et le soleil
Sablerait d’or fin leur grand rêve
     Sombre et vermeil !

Le soir ?… Nous reprendrons la route
     Blanche qui court,
Flânant, comme un troupeau qui broute,
     Tout à l’entour…

Les bons vergers à l’herbe bleue
     Aux pommiers tors !
Comme on les sent tout une lieue,
     Leurs parfums forts !

Nous regagnerions le village
     Au ciel mi-noir ;
Et ça sentirait le laitage
     Dans l’air du soir ;

Ça sentirait l’étable pleine
     De fumiers chauds,
Pleine d’un rythme lent d’haleine,
     Et de grands dos

Blanchissant sous quelque lumière ;
     Et, tout là-bas,
Une vache fienterait fière,
     À chaque pas !…

— Les lunettes de la grand’mère
     Et son nez long
Dans son missel, le pot de bière
     Cerclé de plomb,

Moussant entre les larges pipes
     Qui, crânement,
Fument : dix, quinze, immenses lippes
     Qui, tout fumant,

Happent le jambon aux fourchettes
     Tant, tant et plus ;
Le feu qui claire les couchettes,
     Et les bahuts ;

Les fesses luisantes et grasses
     D’un gros enfant
Qui fourre, à genoux, dans des tasses,
     Son museau blanc

Frolé par un mufle qui gronde
     D’un ton gentil,
Et pourlèche la face ronde
     Du cher petit…

Noire, rogue au bord de sa chaise,
     Affreux profil,
Une vieille devant la braise
     Qui fait du fil ;

Que de choses nous verrions, chère,
     Dans ces taudis,
Quand la flamme illumine, claire,
     Les carreaux gris !…

— Et puis, fraîche et toute nichée
     Dans les lilas,
La maison, la vitre cachée
     Qui rit là-bas…

Tu viendras, tu viendras, je t’aime,
     Ce sera beau !
Tu viendras, n’est-ce pas ? et même…


      ELLE

Mais le bureau ?

15 août 1870

Артюр Рембо (Arthur Rimbaud)


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