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Ãëàâíàÿ • Ñòèõè ïî òåìàì Ïîýòû ïî ïîïóëÿðíîñòè • Top 100 ñòèõîòâîðåíèé |
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Êàðë Îðëåàíñêèé (Charles d’Orléans) (1394-1465) «Songe en complainte» Après le jour qui est fait pour traveil, Ensuit la nuit pour repos ordonnée ; Pource, m’avint que chargié de sommeil Je me trouvay moult fort, une vesprée, Pour la peine que j’avoye portée Le jour devant, si fis mon appareil De me couchier, sitost que le souleil Je vy retrait et sa clarté mussée. Quant couchié fu, de legier m’endormy, Et en dormant, ainsi que je songoye, Advis me fu que, devant moy, je vy Ung vieil homme que point ne congnoissoye ; Et non pour tant, autretfoiz veu l’avoye, Ce me sembla, si me trouvay marry Que j’avoye son nom mis en oubly, Et, pour honte, parler à lui n’osoye. Un peu se teut, et puis m’araisonna. Disant : « Amy, n’avez vous de moy cure ? Je suis Aage qui lettres apporta A Enfance, de par Dame Nature, Quant lui chargeay que plus la nourriture N’auroit de vous ; alors vous delivra A Jeunesse, qui gouverné vous a Moult longuement, sans raison et mesure. Or est ainsi que Raison, qui sur tous Doit gouverner, a fait tresgrant complainte A Nature, de Jeunesse et de vous, Disant qu’avez tous deux fait faulte mainte. Avisez vous, ce n’est pas chose fainte ; Car Vieillesse, la mère de courrous, Qui tout abat et amaine au dessoubz, Vous donnera dedens brief une atainte. Au derrenier, ne la povez fuir. Si vous fault mieulx, tantdis qu’avez Jeunesse, À vostre honneur de Folie partir, Vous esloingnant de l’amoureuse adresse ; Car, en descort sont Amours et Vieillesse : Nul ne les peut à leur gré bien servir. Amour vous doit pour excusé tenir, Puisque la Mort a prins vostre maistresse. Et tout ainsi qu’assés est avenant À jeunes gens, en l’amoureuse voye De temps passer, c’est aussi mal séant Quant en amours un vieil homme folloye ; Chascun s’en rit, disant : Dieu quelle joye ! Ce foul vieillart veult devenir enfant ! Jeunes et vieulx du doy le vont monstrant, Moquerie par tous lieux le convoye. À vostre honneur povez Amours laisser En jeune temps, comme par Nonchalance : Lors ne pourra nul de vous raconter. Que l’ayez fait par faulte de Puissance ; Et dira l’en que c’est par Desplaisance Que ne voulés en autre lieu amer, Puisqu’est morte vostre Dame sans per, Dont loyaument gardez la souvenance. Au Dieu d’amours requerez humblement Qu’il lui plaise de reprandre l’ommage Que lui feistes, par son commandement, Vous rebaillant vostre cueur qu’a en gage, Merciez le des biens qu’en son servage Avez receuz ; lors gracieusement Departirez de son gouvernement, À grant honneur comme loyal et sage. Puis requerés à tous les amoureux Que chascun d’eulx tout ouvertement die Se vous avez riens failly envers eulx, Tant que suivy avez leur compaignie, Et que par eulx soit la faulte punie ; Leur requerant pardon de cueur piteux, Car de servir esties désireux Amours, et tous ceulx de sa seigneurie. Ainsi pourrez departir du povoir Du Dieu d’Amours, sans avoir charge aucune. C’est mon conseil, faittes vostre vouloir, Mais gardez vous que ne croiez Fortune Qui de flater est à chascun commune ; Car tousjours dit qu’on doit avoir espoir De mieulx avoir, mais c’est pour décevoir. Je ne congnois plus faulse soubz la lune. Je sçay trop bien, s’escouter la voulez Et son conseil plus que le mien eslire, Elle dira que, s’Amours delaissiez, Vous ne povez mieulx vostre cueur destruire ; Car vous n’aurés lors à quoy vous deduire, Et tout plaisir à nonchaloir mettrès, Ainsi, le temps en grant ennuy perdrés, Qui pis vauldra que l’amoureux martire. Et puis après, pour vous donner confort, Vous promettra que recevrez amende De tous les maulx qu’avez souffers à tort, Et que c’est droit qu’aucun guerdon vous rende ; Mais il n’est nul qui à elle s’atende, Qui tost ou tard ne soit, je m’en fais fort, D’elle deceu, à vous je m’en raport ; Si pry à Dieu que d’elle vous deffende. » En tressaillant, sur ce point m’esveillay, Tremblant ainsi que sur l’arbre la fueille. Disant : Helas ! oncques mais ne songay Chose dont tant mon povre cueur se dueille, Car, s’il est vray que Nature me vueille Abandonner, je ne sçay que feray ; À Vieillesse tenir pié ne pourray, Mais convendra que tout ennuy m’accueille. Et non pour tant, le vieil homme qu’ay veu En mon dormant, lequel Aage s’appelle, Si m’a dit vray ; car j’ay bien aperceu Que Vieillesse veult emprandre querelle Encontre moy ; ce m’est dure nouvelle Et jà soit ce qu’à présent suy pourveu De jeunesse, sans me trouver recreu, Ce n’est que sens de me pourveoir contr’elle. À celle fin que quant vendra vers moy, Je ne soye despourveu comme nice ; C’est pour le mieulx, s’avant je me pourvoy, Et trouveray Vieillesse plus propice, Quant congnoistra qu’ay laissé tout office Pour la suir ; alors, en bonne foy Recommandé m’aura, comme je croy, Et moins soussy auray en son service. Si suis content, sans changier désormais ; Et pour toujours entierement propose De renoncer à tous amoureux fais ; Car il est temps que mon cueur se repose. Mes yeulx cligniez et mon oreille close Tendray, afin que n’y entrent jamais, Par Plaisance, les amoureux atrais ; Tant les congnois qu’en eux fier ne m’ose. Qui bien se veult garder d’amoureux tours, Quant en repos sent que son cueur sommeille, Garde ses yeux emprisonnez tousjours ; S’ils eschappent, ilz crient en l’oreille Du cueur qui dort, tant qu’il faut qu’il s’esveille, Et ne cessent de lui parler d’Amours, Disans qu’ilz ont souvent hanté ses cours, Où ilz ont veu plaisance nompareille. Je sçay par cueur ce mestier bien à plain, Et m’a longtemps esté si agréable Qu’il me sembloit qu’il n’estoit bien mondain Fors en Amours, ne riens si honnorable. Je trouvoye, par maint conte notable, Comment Amour, par son povoir haultain, A avancié comme roy souverain, Ses serviteurs en estat proutfitable. Mais en ce temps, ne congnoissoye pas La grant doleur qu’il convient que soustiengne Un povre cueur, pris ès amoureux las ; Depuis l’ay sceu, bien sçay à quoy m’en tiengne, J’ay grant cause que tousjours m’en souviengne ; Or en suis hors, mon cueur en est tout las, Il ne veult plus d’Amours passer le pas, Pour bien ou mal que jamais lui adviengne. Pource tantost, sans plus prendre respit, Escrire vueil, en forme de requeste, Tout mon estat, comme devant est dit ; Et quant j’auray fait ma cedule preste. Porter la vueil à la première feste Qu’Amours tendra, lui monstrant par escript Les maulx qu’ay euz et le peu de prouffit En poursuivant l’amoureuse conqueste. Ainsi d’Amours, devant tous les amans, Prandray congié en honneste maniere, En estouppant la bouche aux mesdisans Qui ont langue pour mesdire legiere, Et requerray, par treshumble priere, Qu’il me quitte de tous les convenans Que je luy fis, quant l’un de ses servans Devins pieçà de voulenté entiere. Et reprendray hors de ses mains mon cueur, Que j’engagay par obligacion, Pour plus seurté d’estre son serviteur, Sans faintise, ou excusacion, Et puis, après recommandacion, Je delairay, à mon tresgrant honneur, À jeunes gens qui sont en leur verdeur Tous fais d’Amours par resignacion. Êàðë Îðëåàíñêèé (Charles d’Orléans) Äðóãèå ñòèõîòâîðåíèÿ ïîýòà:
Êîëè÷åñòâî îáðàùåíèé ê ñòèõîòâîðåíèþ: 35 |
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